Christian KRUMB – Cabinet de psychothérapie

Superviseur

Trouver la juste distance pour la juste intervention

L’espace de supervision est à géométrie variable. Lieu de ressourcement, de régulation, de soutien, mais aussi d’apprentissage et de croissance, c’est aussi un lieu de dévoilement, d’exposition, de confrontation et de remise en question. Déontologiquement, tout praticien s’engage à rendre compte régulièrement de son travail auprès d’un tiers, pour vérifier et valider ses diagnostics, ses stratégies thérapeutiques, et évaluer leur pertinence et impact, mais aussi, au-delà des enjeux techniques et cliniques, vérifier son positionnement éthique.

Le superviseur n’est pas un contrôleur. Il ne sanctionne pas. Il ne censure pas. Il doit amener le consultant à regarder au bon endroit, se poser les bonnes questions, pour bien analyser la situation et y répondre de la façon la plus ajustée possible. Ce regard tiers permet au thérapeute de reconnaître et se détacher des inévitables identifications ou situations transférentielles. Pour adopter la posture, la distance, l’attitude qui aboutissent à l’intervention, l’agir le plus ajusté possible. En tant que superviseur, je ne me considère pas comme un expert, mais davantage comme un éveilleur, un révélateur, un éclaireur…

L’espace de supervision est centré sur l’être thérapeute du consultant. Il est espace de soutien professionnel, qui ne se substitue pas à un espace de thérapie pour le thérapeute, qui doit veiller à continuer sa propre thérapie personnelle, surtout quand à l’occasion des relation avec les patients se réactivent traumas, failles, endroits de fragilité, d’insécurité, la supervision doit aider le thérapeute à prendre soin de lui-même. En tant que superviseur, je poursuis un travail sur moi-même et je suis supervisé dans ma pratique. On appelle ce regard méta l’hypervision. La supervision de la supervision.

La supervision, espace de transformation au service de la relation thérapeute/client

Comme la thérapie, la supervision met en lumière, à l’occasion des situations thérapeutes/patients, les blocages, les patterns et les schémas de répétition. Cela peut donner lieu pour le thérapeute à un dévoilement et une exposition qui peut l’amener à ressentir de la honte. Ce qui serait contreproductif. Que pouvons-nous apprendre la honte ? Il s’agit avant tout d’adopter pour le superviseur une attitude chaleureuse et bienveillante, ouverte et créative. Il ne s’agit pas d’être indulgent ou complaisant. Mais soutenant, et d’aider le thérapeute à exercer son sens critique, à savoir bien s’examiner, non pas à travers la loupe déformante de son procureur général ou de son perfectionniste intérieur, à l’affût de la moindre faiblesse, mais à regarder la situation avec lucidité et discernement pour qu’émerge le meilleur ajustement possible. Si la supervisoin peut amener des retournements, des recadrages, cela doit toujours être  au bénéfice du consultant et des personnes qu’il accompagne. C’est ainsi que la supervision devient espace de tranofmation, de ressources, non pas lieu de rabaissement ou de honte, mais lieu de transformation et de croissance au service de la relation thérapeute/client.